lundi 14 décembre 2009

Bonnes nouvelles !


Bonjour !
Ceux qui sont intéressés pour participer au congrès de Copenhagen qui va se dérouler du 23 au 26 juin 2010 doivent envoyer leurs soumissions avant la fin du mois de décembre. Il y a donc maintenant urgence ! Pour compléter cette rubrique "nouvelles", l'Association française et francophone de Psychologie Positive (APP) vient d'être créée. Elle manquait. Au plan international, régulièrement des questions étaient posées quant à l'existence même de la psychologie positive en France. Au plan national, aucune association n'existait dont la vocation est la promotion de ce courant de la psychologie tant dans le domaine de la pratique que de la recherche. Vous trouverez les statuts sur le site (http://www.psychologie-positive.net/). Son bureau a été élu à l'unanimité, Jacques Lecomte à la présidence, Rebecca Shankland et moi-même à la vice-présidence, Colette Aguerre au secrétariat, et Fanny Marteau à la trésorerie.
A bientôt pour la suite de l'actualité de la Psychologie Positive !
Bonnes fêtes de fin d'année !

lundi 16 novembre 2009

Ca y est, il est paru !


J'abandonne momentanément l'ouvrage d'Ilona Boniwell. En effet, cocorico ! Cela faisait quelques temps que j’avais signalé la publication du premier ouvrage en français dédié à la Psychologie Positive. C’est fait, il est en vente ! Cet excellent ouvrage, Introduction à la psychologie positive, dirigé par Jacques Lecomte, fait 310 pages et compte 18 chapitres signés par de grands noms de la psychologie en France. Il est structuré selon les trois niveaux constitutifs de la psychologie positive : le niveau personnel, le niveau interpersonnel, et le niveau social et politique. Bien sûr, chaque niveau comprend ensuite plusieurs chapitres, aussi voici le plan d’ensemble des thèmes traités dans l’ouvrage :

Introduction : qu’est ce que la psychologie positive ?

Première partie - La Psychologie Positive : un art de vivre avec soi-même
1. Les émotions positives : à quoi servent-elles et comment les savourer ?
2. Entre Candide et Cassandre : la nécessaire complémentarité de l’optimisme et du pessimisme
3. La motivation est-elle positive ?
4. Les trois facettes du sens de la vie
5. Le vieillissement réussi
6. La psychologie positive : un nouvel élan pour la psychothérapie

Deuxième partie - La psychologie positive : un art de vivre avec autrui
7. Les compétences psychosociales chez l’enfant
8. L’impact du soutien social sur la santé
9. Tirer parti de ses problèmes de couple
10. Les trois composantes de l’empathie
11. La psychologie de la gratitude
12. Le pardon : une porte ouverte sur l’avenir

Troisième partie : La psychologie positive : instrument de changement social
13. La motivation humaine pour la justice
14. Origines et enjeux actuels de la psychologie communautaire
15. La psychologie sociocognitive au changement social par les médias
16. Qualité environnementale et comportements écocitoyens
17. La justice restauratrice
18. La réconciliation entre ennemis est possible : voir, communiquer et agir autrement

Conclusion : il est possible de croire en un monde meilleur

La définition de la psychologie positive de Gable et Haidt (2005, p. 104) y est reprise : la psychologie positive est « l’étude des conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement et au fonctionnement optimal des gens, des groupes et des institutions ». Cette définition transpire dans chacun des thèmes qui sont abordés de manière à introduire la psychologie positive chez le plus grand nombre, que vous soyez tout simplement curieux, ou enseignant, chercheur, praticien. Chaque lecteur pourra y trouver son compte ! Force est ici de constater de nombre de thèmes traités relèvent d’un sens que l’on pourrait penser être commun mais qui relèvent de complexités tout autres. Toutefois, traités de manière scientifique et présentés de manière très abordable, ils vous livreront une partie de leurs secrets. Le lecteur pourra approfondir ses lectures en consultants les bibliographies qui sont proposées à la fin que chacun des chapitres. Bonne lecture donc ! Et à bientôt !

dimanche 25 octobre 2009

L'Intelligence Emotionnelle

L’intelligence émotionnelle

Attribué à tort à Daniel Coleman en 1995, ce sont John Mayer et Peter Salovey (1990) qui sont à l’origine de ce concept. L’intelligence émotionnelle se réfère à la capacité à reconnaître et à gérer ses propres émotions ainsi que celles de ceux qui nous sont proches (charge émotionnelle liée à la victoire dans la célèbre course Oxford-Cambridge, cf photo). Elle est souvent réputée être plus importante que le QI classique dans la réussite professionnelle et la réalisation des buts personnels. Ilona Boniwell présente le modèle Mayer – Salovey – Caruso (2004) selon lequel il y a quatre déterminants.

1. La perception des émotions : C’est la capacité à identifier les émotions à partir des expressions du visage, du ton de la voix, voire les œuvre d’art. Ceux qui ont cette capacité envers eux-mêmes et les autres sont susceptibles d’être capables de faire preuve d’empathie, d’en tirer un bénéfice dans les situations d’interaction sociale et de comprendre les autres ;

2. Utiliser les émotions pour faciliter la pensée : Les émotions ont le pouvoir de nous faire changer notre manière de penser. Quand on est heureux tout est possible, alors que quand on est triste, nous sommes envahis de pensées négatives. Ce déterminant se réfère à notre capacité à utiliser les émotions dans la résolution de problèmes, le raisonnement, la prise de décision et la créativité ;

3. Comprendre les émotions : Il ne suffit pas d’identifier les émotions, il faut aussi comprendre le message qu’elles véhiculent. Pourquoi ressentons nous certaines émotions ? D’où viennent elles ? Où nous conduisent elles ? Il est important de comprendre par exemple que le fait d’être énervé va nous conduire à la colère, et à des éclats imprévisibles. Les personnes émotionnellement intelligentes sont capables de mettre des mots appropriés sur les émotions qu’ils ressentent, et par conséquent de comprendre la complexité de ce qu’ils ressentent, même dans des états émotionnels contradictoires ;

4. Gérer les émotions : Il ne s’agit pas ici d’évacuer toute émotion négative ou perturbante mais d’apprendre comment les contrôler. Certains considèrent qu’en situation difficile, ils n’y peuvent rien, d’autres considèrent qu’ils peuvent faire quelque chose pour se sentir mieux. Ceux qui sont bons dans la gestion des émotions sont souvent capables d’aider aussi les autres à gérer les leurs.

Les différents déterminants prennent tous leur sens quand ils sont appliqués à la vie quotidienne. En effet, une personne peut tout à fait faire preuve d’écoute, être capable de comprendre les autres et même ce qu’ils ressentent, mais être incapable d’établir le contact avec eux parce qu’elle ne possède pas les clés de la communication non verbale. Dans cet exemple précis, l’intervention révèle toute sa pertinence, notamment dans sa facette « perception des émotions ».

Bien sûr, ce concept pose en lui-même un certain nombre de problèmes. Par exemple, ne serait-il pas judicieux d’ajouter certains déterminants ou d’en supprimer ? Est-il vraiment question d’émotions ou d’habileté à les conceptualiser ? Quelle est la meilleure manière de la mesurer ?

Ilona Boniwell présente quelques clés destinées à développer cette intelligence dans la rubrique « Tips and Tools ». Bonne lecture !

lundi 19 octobre 2009

Affects ou émotions ?


Fort judicieusement, Ilona Boniwell clarifie les choses en termes de concepts : affects ou émotions ? Selon elle, c’est comme si les psychologues ouvraient un parapluie en recourant au terme d’« affects » dès lors qu’il est question d’émotions positives ou négatives, de sentiments ou d’humeur comme nous en vivons fréquemment. Dans son ouvrage, elle prend en considération les émotions positives et l’intelligence émotionnelle.


La valeur des émotions positives
Initialement, la psychologie s’est tournée vers les émotions négatives ou les affects négatifs comme la dépression, la colère, la tristesse, l’anxiété, le stress, leur compréhension et l’étude de leurs impacts. Ce n’est que récemment que les émotions positives ont fait l’objet de recherches spécifiques destinées à identifier leur intérêt. Barbara Fredrickson est l’une des premières à avoir exploré ce concept. Autant les émotions négatives sont associées à des comportements particuliers, à titre d’exemples la peur permet d’échapper à une menace, la colère d’adopter des comportements d’attaque, les émotions positives ne sont pas associées à des comportements particuliers. La question est donc de savoir à quoi elles peuvent servir à part à se sentir bien.

La théorie de « l’extension et de la construction » des émotions positives développée par B. Fredrickson (« broaden-and-build » theory of positive emotions, 2001) montre que les expériences affectives positives contribuent et ont un effet à long terme sur la croissance et le développement personnel grâce à une série d’effets conjoints.

o Les émotions positives ouvrent notre répertoire « pensées-actions »,

o Les émotions positives « effacent » les émotions négatives,

o Les émotions positives stimulent la résilience,

o Les émotions positives permettent la construction d’un répertoire psychologique,

o Les émotions positives déclenchent une spirale ascendante dans le développement de l’individu.

De nombreuses recherches ont mis en évidence les bénéfices des émotions positives. Cela implique t’il que les émotions négatives n’ont que des conséquences négatives ? Faut-il fuir tout ce qui est négatif ? En fait, il est question d’un ratio de 3/1 entre positif et négatif. Autrement dit, si vous faites l’expérience d’une émotion négative lors d’un événement particulier, ressentir au moins trois émotions positives permet de revenir à un équilibre et à un développement harmonieux. Par contre, un ration de 8 émotions positives pour 1 négative par exemple aurait des effets contre productifs. En effet, les émotions négatives ont aussi un certain nombre d’impacts positifs.

• Les émotions négatives aident au déclenchement de changements fondamentaux dans la personnalité (Lazarus, 2003),

• Les émotions négatives peuvent nous pousser dans nos retranchements et à toucher notre « moi » profond,

• Les émotions négatives facilitent l’apprentissage, la compréhension de nous-même et notre connaissance du monde,

• Faire l’expérience d’émotions négatives et leur faire face peut avoir des conséquences sociales positives comme la modestie, les considérations morales, l’attention tournée vers les autres et l’empathie.

Certains considèrent qu’il est tout à fait illusoire de vouloir classifier les émotions ainsi. En effet, certaines peuvent présenter des aspects positifs et négatifs, à l’instar de la fierté qui est considérée comme une émotion positive dans les pays de l’Ouest, alors qu’elle est plutôt vue comme un « péché » dans les sociétés plus collectivistes. Les émotions doivent donc être associées au contexte dans lequel elles sont ressenties afin de pouvoir identifier leur valence positive ou négative.

Suite au prochain épisode pour l’intelligence émotionnelle ! A bientôt !

vendredi 16 octobre 2009

La Psychologie Positive pas à pas avec Ilona Boniwell



Bonjour !


Les petits messages qui vont suivre sont tirés du dernier ouvrage que je vous ai proposé, « Positive Psychology in a Nutshell » écrit par Ilona Boniwell en 2006, avec qui je suis pris en flagrant délit de discussion. Je vais vous proposer pas à pas les différents thèmes qui sont abordés de manière synthétique. L’avantage ici, c’est que ce sera en français. Mais je vous confirme que l’ouvrage en langue anglaise est facile d’accès.

La Psychologie Positive se décline à trois niveaux, d’abord au niveau subjectif, au niveau de l’individu, puis à celui du groupe.

Le niveau subjectif comprend les expériences positives comme la joie, le bien-être, la satisfaction, le bonheur, l’optimisme ou les expériences optimales (ou états de grâce). Il y est question de se sentir bien plutôt que de bien faire ou d’être une bonne personne.

Le second niveau concerne les composantes de la « bonne vie », et des qualités personnelles requises pour être une « bonne personne ». Les thèmes qui sont abordés ici sont les forces de caractère et les vertus, la « conscience » du futur, la capacité à aimer, le courage, la persévérance, la capacité à pardonner, l’originalité, la sagesse, les habiletés interpersonnelles et le talent.

Au dernier niveau figurent l’esprit civique, le sens des responsabilités sociales, la capacité à prendre soin des autres, l’altruisme, la courtoisie, la tolérance, l’éthique au travail, et tous les autres facteurs qui peuvent contribuer au développement de la citoyenneté et des communautés.

En questionnant les différents thèmes aux différents niveaux, la question qui est posée est ce savoir ce qui marche plutôt que de se demander ce qui ne va pas chez quelqu’un ou dans une structure donnée.

A la lecture de ces propos, la roue semble réinventée ! (termes adoptés par Ilona Boniwell, p.5). En fait, les racines de la Psychologie Positive remontent à Aristote selon qui les humains seraient poussés par un esprit, le daimon, pour atteindre ce qui serait bon pour eux. Beaucoup plus tard, Carl Rogers a introduit le concept de personne en pleine possession de ses moyens, et Abraham Maslow, qui a utilisé en premier le concept de Psychologie Positive, a mis l’accent sur l’épanouissement de la personnalité. En résumé, la Psychologie Positive tire ses racines de la philosophie post-Lumière et morale, de la prévention et du bien-être, des philosophes grecs, d’Allport, et des psychologues humanistes comme Rogers et Maslow (Boniwell, 2006, p. 5-6).
Prochain épisode, vos émotions et vous... A suivre donc…

mardi 29 septembre 2009

Ouvrage de synthèse : "Positive Psychology in a Nutshell"



Un ouvrage de synthèse présentant les différentes thématiques abordées en Psychologie Positive manquait. Ilona Boniwell l’a rédigé ! « La Psychologie dans une coquille de noix » est un petit ouvrage d’un peu plus d’une centaine de pages au fil desquelles le lecteur a progressivement un aperçu à la fois de résultats de recherches qui sont succinctement évoquées, de mises en pratique concrètes, et d’astuces («tips and tools»). Ce qui est très appréciable, ce sont les différentes approches qui sont proposées sur les thématiques abordées, leurs avantages et leurs inconvénients, les définitions des concepts qui sont proposés, ainsi que les perspectives. Par contre, le lecteur désireux d’aller un peu plus loin, même s’il appréciera les suggestions d’ouvrages, regrettera de devoir faire des allers et retours constants entre le texte et les notes de fin d’ouvrage afin de disposer des références bibliographiques. Globalement, pour une dizaine d’euros, il s’agit assurément d’un ouvrage qui pourra convaincre les plus sceptiques de la pertinence de ce champ émergent de la psychologie. Au fait, il s’agit d’un ouvrage en anglais. Sa lecture est aisée pour un angliciste débrouillé disposant d’un dictionnaire classique. Style facile à lire, aisé d’accès. Dans mon prochain message, je vous proposerai une synthèse de cet ouvrage. D'ici là, bonne lecture !


(http://www.amazon.fr/Positive-Psychology-Nutshell-Introduction-Functioning/dp/0954838785/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=english-books&qid=1254211313&sr=1-1)

dimanche 6 septembre 2009

La qualité de vie, objet d'étude de la Psychologie Positive

Mihaly Csikszentmihalyi fait partie des fondateurs de la Psychologie Positive lui aussi. Ses travaux portent sur la qualité de vie. Il a cherché à répondre à la question de savoir ce qui peut rendre certains plus heureux que d’autres. S’inspirant du mythe du roi Midas, il considère que la qualité de la vie dépend de la qualité de l’expérience vécue, de l’ordre de la conscience plutôt que de la richesse matérielle. « La richesse, la gloire et le pouvoir sont devenus dans notre culture de puissants symboles de bonheur (le rêve américain)… De fait, l’individu qui devient riche ou célèbre peut se considérer plus satisfait pour un temps, mais il s’habitue à son style de vie puis ses attentes ou ses exigences augmentent, de sorte qu’il lui en faudra toujours plus. C’est symboles sont d’autant plus décevants qu’ils distraient les gens de ce qu’ils sont censés représenter. Ce n’est donc pas, répétons-le, ce que nous possédons qui améliore la qualité de la vie, mais ce que nous éprouvons vis-à-vis de nous-mêmes » (Csikszentmihalyi, 1990, p. 75).
Dans cette logique, le plaisir correspond à la satisfaction, au contentement ressenti lorsque la conscience nous informe que les attentes créées par la programmation génétique ou par le conditionnement social ont été comblées. Il peut être une composante de la qualité de vie, mais il n’apporte pas en lui-même le bonheur.
Lorsque les expériences contribuent à une vie meilleure, on parlera de joie, ou d’enchantement. Elle survient quand une personne dépasse les attentes ou les besoins programmés et réalise quelque chose de plus, de mieux, d’inattendu. Après de telles expériences, nous sommes contents, satisfaits ou enchantés, et nous avons conscience d’avoir changé ; notre soi est devenu plus complexe. Plaisir (recherche d’un équilibre) et joie (dépassement d’une attente) sont deux expériences différentes mais peuvent être complémentaires. Le plaisir peut être éprouvé sans effort, mais la joie et l’enchantement exigent une pleine concentration sur l’activité. C’est une raison pour laquelle le plaisir est si évanescent et ne produit pas l’accroissement ou l’actualisation de soi. Cette dernière requiert l’investissement d’énergie psychique dans des buts nouveaux et relativement exigeants. Pour acquérir la maîtrise de la qualité de l’expérience, il faut apprendre à trouver la joie à partir de ce qui arrive quotidiennement. Chacun est l’artisan de son bonheur, de sa qualité de vie à travers le contrôle de son expérience consciente, la possibilité qu’il se donne de vivre des expériences optimales.
Ce sont ces expériences optimales qui ont fait son objet de recherche principal, le flow traduit aussi par état de grâce. Csikszentmihalyi (1990) définit le concept de flow comme un état psychologique optimal pouvant être ressenti dans divers domaines tels l’art, l’enseignement et le sport. Le flow est également caractérisé par un état intrinsèquement agréable qui se manifeste pendant la perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et la demande de la tâche. Il est composé de huit caractéristiques majeures :
1. La tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière ;
2. L’individu se concentre sur ce qu’il fait ;
3. La cible visée est claire ;
4. L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate ;
5. L’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction ;
6. La personne exerce le contrôle sur ses actions ;
7. La préoccupation de soi disparaît, mais, paradoxalement, le sens du soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale ;
8. La perception de la durée est altérée.
Il est possible de mesurer le flow. Des outils ad hoc ont été conçus dans différents domaines, dont celui issu des travaux de Fournier et ses collaborateurs (2007) pour le domaine du sport, validation en français du Flow State Scale-2 de Jackson et Eklund (2002).
Une vulgarisation de ses travaux est disponible en français dans les ouvrages proposés. Pour aller plus loin, il est possible de leur préférer la lecture des articles d’origine. Bonnes lectures !

mercredi 2 septembre 2009

Naissance de la Psychologie Positive

Avec le nouveau millénaire, les sociétés ont à relever de nouveaux défis. Sacrifiés sur l’hôtel de la logique des marchés économiques ou du leadership politique, les besoins des êtres humains et de la planète d’une manière générale ont été ignorés par les membres des grandes puissances économiques voulant continuer à augmenter leur patrimoine matériel. Un tel cours des choses pourrait conduire à de plus en plus d’égoïsme, à un creusement des écarts entre ceux qui sont les plus heureux et ceux qui le sont le moins, et éventuellement au chaos et au désespoir. C’est à ce niveau que les sciences sociales et comportementales peuvent jouer un rôle extrêmement important. Elles peuvent permettre une articulation entre une vision de ce que serait une vie belle tout en étant compréhensible et attractive. Elles peuvent permettre de montrer quels types d’actions peuvent conduire au bien-être, à des individus ayant une vision positive des choses, et à des communautés florissantes. La psychologie devrait permettre d’identifier dans quelles conditions les familles produisent des enfants épanouis, quels types d’organisations permettent d’obtenir la meilleure satisfaction au travail pour les personnels, quel type de politique permet d’obtenir le meilleur engagement civique, et comment faire pour que la vie vaille plus le coup d’être vécue. Jusqu’à présent, les psychologues ont analysé des connaissances qui font que la vie vaut d’être vécue. Ils ont commencé à comprendre comment les individus survivent à ou sont capables d’endurer des épreuves difficiles (pour une revue concernant l’histoire de la psychologie, voir par exemple Benjamin, 1992 ; Koch & Leary, 1985 ; et Smith, 1997). Cependant, les psychologues ne savent que bien peu de choses pour ce qui concerne les individus « normaux », et comment ils s’épanouissent dans des conditions plus habituelles. Depuis la 2ème Guerre mondiale, la psychologie est devenue une science largement centrée sur la guérison. Elle s’est focalisée sur le traitement des lésions en s’inscrivant dans un modèle du fonctionnement de l’être humain fondé sur la maladie. Cette attention quasi exclusive portée sur la pathologie néglige les individus épanouis et les communautés florissantes. L’objectif de la Psychologie Positive est de commencer à catalyser un changement dans l’optique de la psychologie en la faisant passer d’une centration exclusive sur la pathologie et le traitement des pires choses pouvant arriver dans la vie, à une centration sur ce qui permet de construire des qualités positives. Le domaine de la Psychologie Positive à un niveau subjectif concerne la valorisation des expériences subjectives : le bien-être, la satisfaction (dans le passé), l’espoir, l’optimisme (pour le futur), les états de grâce et le bonheur (pour le présent). A un niveau individuel, il s’agit des traits de personnalité positifs : la capacité d’aimer et de trouver sa vocation, le courage, les habiletés interpersonnelles, la sensibilité esthétique, la persévérance, la capacité à pardonner, l’originalité, la conscience du futur, la spiritualité, le talent et la sagesse. Au niveau du groupe, il s’agit des vertus civiques et des institutions qui incitent les individus à une meilleure citoyenneté : la responsabilité, la capacité à prendre soin des autres, l’altruisme, la courtoisie, la modération, la tolérance, et l’étique au travail.

Deux histories personnelles qui sont arrivées à deux des auteurs de cette introduction vont permettre d’illustrer ce qui les a conduit à avoir la conviction qu’une orientation vers la Psychologie Positive était indispensable, ce qui justifie aussi cet ouvrage.

Pour Martin Seligman c’était peu avant qu’il soit élu à la Présidence de l’American Psychological Association. Cela s’est produit alors qu’il était dans son jardin avec fille de cinq ans, Nikki. Bien qu’ayant écrit des ouvrages au sujet des enfants, il avoua qu’il ne savait pas du tout s’y prendre avec eux. Il est toujours très occupé et sous stress, et quand il est en train de désherber dans le jardin, il n’arrête que dans c’est terminé. Malgré cela, Nikki, était en train de jeter de l’herbe en l’air, en chantant et dansant. Il lui a crié après. Elle est partie et quand elle est revenue, elle lui a dit :

« Papa, il faut que je te parle. »
« Oui, Nikki ? »
« Papa, tu te rappelles juste avant mon cinquième anniversaire ? Quand j’avais entre trois et cinq ans, j’étais une vraie pleunicharde. Et quand j’ai eu cinq ans, j’ai décidé de ne plus jamais pleurer. Cela a été la chose la plus difficile que j’ai faite. Alors si je peux décider d’arrêter de pleurer, tu peux arrêter d’être un tel grincheux. »

Cela a été une révélation pour lui, rien de moins. Il a appris quelque chose au sujet de Nikki, dans la manière d’élever les enfants, de lui-même, et quelque chose de très important pour son travail. D’abord, il s’est rendu compte qu’élever Nikki ne devait pas consister à la reprendre pour ne plus qu’elle pleure. Nikki avait fait cela d’elle-même. Il s’est plutôt rendu compte qu’élever Nikki consistait à s’appuyer sur cette force merveilleuse qu’elle avait – qu’il a appelé capacité à voir dans en elle-même – en l’amplifiant, en l’augmentant, de manière à l’aider à diriger sa vie et à atténuer ses faiblesses et les tourments de la vie. Il s’est rendu compte qu’élever des enfants, c’est bien plus que déterminer ce qui est bien et ce qui est mal en eux. C’est identifier et faire grandir leurs plus grandes qualités, ce qu’ils possèdent et là où ils sont les meilleurs, de les aider à trouver les domaines dans lesquels ils pourront exprimer leurs forces aux mieux. Comme pour sa propre vie, Nikki a mis le doigt dessus. Il était un grincheux. Il avait passé 50 ans à affronter les embruns dans mon âme, et les 10 dernières années à être un cumulo-nimbus dans une maison remplie de soleil. La chance qu’il avait ne résidait sans doute pas dans son caractère bourru mais malgré lui. A ce moment, il s’est résolu à changer. Toutefois, la plus grande implication de l’enseignement que lui a apporté Nikki était en relation avec la psychologie scientifique et pratique. Avant la seconde guerre mondiale, la psychologie avait trois missions distinctes : soigner la maladie mentale, faire en sorte que la vie de chacun soit plus productive et remplie, et détecter les talents et les faire progresser. L’accent a été mis très tôt sur la psychologie positive comme par exemple les travaux de Terman sur les talents (Terman, 1939) et le bonheur conjugal (Terman, Buttenwieser, Ferguson, Johnson,, & Wilson, 1938), les écrits de Watson sur l’éducation efficace (Watson, 1928), et les travaux de Jung concernant la recherche et la découverte du sens de la vie Jung (1933). Juste après la guerre, deux événements – les deux économiques – ont changé le visage de la psychologie. En 1946, le ministère des anciens combattants (Veterans Affairs) a été crée aux Etats-Unis, et des milliers de psychologues ont découvert qu’ils pourraient traiter la maladie mentale pendant toute leur vie. En 1947, l’institut national de la santé mentale, aux Etats-Unis également (qui, malgré son appellation était centrée sur un modèle de la maladie et qui devrait être plutôt rebaptisé institut national de la maladie mentale), a été fondé, et les universitaires ont appris qu’ils pourraient obtenir des prix si leurs travaux traitaient de la pathologie. Cela a été très bénéfique. Des avancées considérables ont été réalisées dans la compréhension et le traitement des maladies mentales : au moins 14 maladies, précédemment difficiles à traiter, ont livré leurs secrets à la science et peuvent maintenant être soignées ou considérablement soulagées (Seligman, 1994). La contrepartie malgré tout, a été que les autres missions fondamentales de la psychologie – faire en sorte que chacun ait une vie meilleure et développer les talents – ont toutes deux été oubliées. Ce n’est pas uniquement la manière dont ces sujets ont été financés qui a eu un effet délétère, mais la crédibilité des théories sous-jacentes à la manière dont les psychologues se percevaient. Ils en étaient arrivés à se considérer simplement comme une sous catégorie des métiers de la santé, et la psychologie est devenue une sorte de victimologie. Les psychologues ont considéré les être humains comme des centres d’intérêt passifs : un stimulus survenait et provoquait des réponses (quel monde extraordinairement passif !). Les renforcements externes affaiblissaient ou augmentaient les réponses. Pulsions, besoins, instincts, et conflits de l’enfance bousculent chacun d’entre nous. Le centre d’intérêt de la psychologie a glissé petit à petit vers la détection et le traitement de la souffrance des individus. Il y a eu une explosion des recherches sur les désordres psychologiques et les effets négatifs des éléments de stress liés à l’environnement, comme le divorce des parents, le décès d’une personne aimée, les abus physiques et sexuels. Les praticiens se sont engagés dans le traitement des maladies mentales des patients au moyen de cadres destinés à réparer les dommages : des habitudes endommagées, des instincts endommagés, des enfances endommagées, et des cerveaux endommagés.

Mihaly Csikszentmihalyi s’est rendu compte de la nécessité d’une psychologie positive durant la seconde guerre mondiale en Europe. Alors qu’il était enfant, il a été le témoin de la dissolution du monde dans lequel il s’était confortablement installé. Il avait remarqué avec surprise combien des adultes qu’il avait connus, sûrs d’eux et réussissant dans leur vie, étaient devenus impuissants et désespérés dès lors qu’ils avaient perdu leurs repères sociaux. Sans travail, ni argent, et sans aucun prestige, ils étaient réduits à être comme des coquilles vides. Il y en avait pourtant qui avaient conservé leur intégrité et leurs buts malgré le chaos environnant. Leur sérénité était comme un phare qui permettait aux autres de garder espoir. Ils n’étaient pas les hommes ni les femmes dont on se serait attendu à ce qu’ils s’en sortent indemnes. Ils n’étaient pas forcément les plus respectés, ceux ayant le niveau d’étude le plus élevé, ou les plus habiles. Cette expérience l’a conduit à se demander de quelle source ces individus tiraient leurs forces. Lire des ouvrages de philosophie, d’histoire ou de religion ne lui a pas apporté de réponse satisfaisante à cette question. Il trouvait que les idées développées dans ces textes étaient trop subjectives, dépendaient trop de la foi ou d’hypothèses douteuses. Elles manquaient d’un scepticisme clairvoyant et de la lente évolution qu’il associait à celle de la science. Ainsi, pour la première fois, il s’est orienté vers la psychologie, d’abord avec les écrits de Jung, puis de Freud, puis enfin des quelques psychologues ayant écrit en Europe dans les années 1950. A partir de là, il a considéré qu’il était possible d’avoir des réponses à ses questions – une discipline qui traiterait des enjeux fondamentaux de la vie avec la simplicité des sciences naturelles.

Cependant, à cette époque la psychologie n’était pas encore une discipline reconnue. En Italie, où il vivait, il n’était possible que de la prendre comme enseignement optionnel dans le cadre des diplômes de médecine ou de philosophie, et il a donc décidé de venir aux USA où elle avait gagné une plus grande reconnaissance. Les premiers cours qu’il a suivis ont été un choc. Il s’avérait qu’aux USA, la psychologie était devenue une science, si l’on considère qu’une science nécessite un scepticisme de bon aloi et doit se pencher sur le problème de la mesure. Ce qui semblait manquer pourtant était une vision justifiant l’attitude et la méthodologie. Il cherchait une approche scientifique de la compréhension du comportement humain, mais il n’avait jamais imaginé que cela puisse conduire à une compréhension objective. Dans le comportement humain, ce qui est le plus fascinant, ce ne sont pas les moyennes, mais ce qui est improbable. Un très petit nombre de personnes a conservé son sens moral durant l’agression qu’a été la seconde guerre mondiale, pourtant ils étaient aussi les quelques uns qui possédaient les clés permettant aux humains de donner le meilleur d’eux-mêmes. Cependant, au sommet de sa phase comportementale, la psychologie était conçue comme si elle était une branche des mécanismes statistiques. Depuis, il s’est donné du mal pour concilier les deux impératifs qu’une science des être humains devrait intégrer : comprendre ce qui est et ce qui pourrait être. Une décennie plus tard, la troisième voie annoncée par Abraham Maslow, Carl Rogers, et d’autres psychologues humanistes promettait d’ajouter une nouvelle perspective aux inébranlables approches cliniques et behavioristes. La vision humaniste généreuse a eu un effet fort sur la culture au sens large et a tenu une énorme promesse. Malheureusement, la psychologie humaniste n’a pas attiré beaucoup de la base empirique, et elle a engendré une myriade de mouvements de thérapies dans lesquelles il fallait se débrouiller seul. Dans certaines de ses incarnations, elle a permis une affirmation de soi et encouragé la centration sur soi ce qui a minimisé les sujets en relation avec le bien-être collectif. Les débats futurs devront déterminer si cela s’est produit à cause de Maslow ou Rogers qui étaient en avance sur leur époque, parce que ces défauts sont inhérents à leur vision originale, ou à cause de l’enthousiasme de leurs très nombreux successeurs. Cependant, l’un des héritages de l’humanisme des années 1960 est mis en évidence dans n’importe quelle grande librairie, le rayon « Psychologie » prenant en effet de plus en plus d’importance, tant dans le domaine de l’éducation à des destination des parents ou des enseignants, que dans celui de la psychologie au travail ou tout autre environnement.

Quelles que soient les origines des convictions concernant le fait que l’heure est venue pour une psychologie positive, le message est de rappeler aux acteurs du champ que la psychologie n’est pas seulement l’étude des pathologies, des manques ou des traumatismes, c’est aussi l’étude des forces et des vertus. Le traitement ne consiste pas uniquement à déterminer ce qui ne va pas, c’est aussi développer le meilleur. La psychologie n’est pas seulement une branche de la médecine orientée vers la maladie ou la santé, il ne s’agit pas que de cela. Il s’agit aussi de travail, d’éducation, de compréhension de soi, d’amour, de développement, et de jeu. Et à la question de savoir ce qui est le mieux, il ne s’agit pas en psychologie positive de prendre ses désirs pour des réalités, de confiance, d’aveuglement, ou de manies. Il s’agit d’adapter ce qu’il y a de meilleur dans les méthodes scientifiques aux problèmes spécifiques que présente le comportement humain, à ceux qui souhaitent le comprendre dans toute sa complexité. C’est la prévention que cette approche met au premier plan. Dans la dernière décennie, les psychologues se sont sentis concernés par cette notion, et c’est le thème qui a été retenu pour la convention de l’APA qui s’est déroulée à San Francisco en 1998. Comment les psychologues peuvent-ils prévenir la dépression, l’abus de substances ou la schizophrénie chez les jeunes qui sont génétiquement vulnérables ou qui vivent dans un environnement propice à ce genre de phénomènes ? Comment les psychologues peuvent-ils prévenir les comportements meurtriers dans le milieu scolaire lorsque les enfants ont accès à des armes, peu de soutien familial, et un penchant à la cruauté ? Ce que les psychologues ont appris depuis plus de 50 ans c’est que le modèle de la maladie n’a pas permis à la psychologie de s’orienter vers la prévention de ces problèmes sérieux. En effet, les avancées principales sont venues d’une perspective centrée sur la construction systématique de la compétence, pas sur la correction des manques. Les chercheurs dans le domaine de la prévention ont découvert qu’il y a des forces dans le caractère humain qui le préservent de la maladie mentale : le courage, l’optimisme, les habiletés interpersonnelles, le fait d’être orienté vers le futur, la foi, l’éthique au travail, l’espoir, l’honnêteté, la persévérance, et la capacité à éprouver des états de grâce et à se connaître, pour en nommer quelques unes. La tâche principale de la prévention dans ce nouveau millénaire va être de créer une science des forces humaines dont la mission sera de comprendre et d’apprendre comment développer ces vertus chez les plus jeunes. Toutefois, travailler exclusivement sur les manques personnels et sur les cerveaux endommagés a produit une science peu adaptée pour prévenir effectivement la maladie. Les psychologues ont besoin maintenant de faire appel à des recherches importantes sur les forces humaines et les vertus, à l’instar de celles réalisées par Peterson et Seligman (2004). Les praticiens ont besoin de reconnaître qu’une grande part de leur travail le plus efficace lors de leurs consultations consiste plus à amplifier les forces qu’à combler les manques de leurs patients. Les psychologues travaillant avec des familles, des écoles, des communautés religieuses, et des corporations ont besoin de développer des climats propices au développement de ces forces. Les théories majeures dans le domaine de la psychologie ont permis de développer une nouvelle science de la force et de la résilience. Les théories dominantes ne voient plus les individus comme des êtres passifs répondant à des stimuli mais plutôt comme étant des preneurs de décision, avec des choix, des préférences, avec la possibilité d’apprendre, d’être efficaces, ou dans des circonstances difficiles, d’être impuissants ou désespérés (Bandura, 1986 ; Seligman, 1992). La science et la pratique qui dépendent de cette vision du monde pourraient avoir un effet direct dans la prévention de plusieurs des désordres émotionnels majeurs. Elles pourraient également avoir deux effets annexes. Elles pourraient rendre la vie physique des patients plus saine, étant donné tous ce que les psychologues ont appris en termes d’effets du bien-être mental sur le corps. Cette science et cette pratique vont aussi ré-orienter la psychologie vers deux de ses missions qui ont été négligées : rendre les individus « normaux » plus forts et plus productifs, et détecter les talents pour les optimiser.

Ces anecdotes ont conduit les deux fondateurs de la Psychologie Positive que sont Martin Seligman et Mihaly Csikszentmihalyi à reconsidérer ce que pouvait être la psychologie. Leurs positions ont eu un impact considérable sur le développement de ce champ. Nombreux sont les chercheurs qu’ils ont entraînés dans leur sillage depuis une vingtaine d’année, et nombreuses également les thématiques qui ont été développées.

lundi 24 août 2009

Vive le bonheur !


Chercheur à la pointe sur le concept de bonheur, Sonja Lyubomirsky est l'auteur de plusieurs articles scientifiques, et surtout d'un ouvrage qui a été traduit en français. Ses travaux portent sur la compréhension de ce qui se joue lorsqu'il est question de bonheur. Plus précisément, il s’agit de comprendre le pourquoi d’un plus grand bonheur chez les uns que chez les autres en se focalisant sur les façons distinctes dont les individus heureux et malheureux se construisent, répondent à des comparaisons sociales, prennent des décisions, et s’auto-analysent. Une augmentation du bien-être chez les individus les moins heureux est mise en évidence, ce malgré de nombreux obstacles, grâce à l’apprentissage et à l’utilisation de différentes stratégies, et à leur capacité à les mettre en œuvre avec détermination et implication. Le modèle du Bonheur Durable (Lyubomirsky, Sheldon, & Schkade, 2005) fournit un cadre théorique adapté pour comprendre les processus impliqués dans l’augmentation et l’entretien. Selon ce modèle, trois facteurs contribuent au niveau de bonheur durable de l’individu – 1) l’objectif fixé, 2) les circonstances de la vie, 3) les activités volontaires, ou les actes impliquant un effort qui sont variables et épisodiques selon leur nature. De telles activités, qui incluent l’accomplissement d’actes de bonté, exprimant la gratitude ou l’optimisme, et appréciant les évènements heureux de la vie, représentent la piste la plus prometteuse en termes de bonheur intensifié et fortifiant. Nous décrirons dans ce chapitre plusieurs interventions contrôlées au hasard testant l’efficacité de chacune d’elles, destinées à augmenter et maintenir le bien-être, ainsi que les médiateurs et les modérateurs sous-jacents à leurs effets. Bonne lecture aux amateurs ! Et à bientôt !

mardi 18 août 2009

Un fondateur


Bonjour,
Dans la continuité des acteurs de la Psychologie Positive, voici Christopher Peterson. Il est l'un des fondateurs avec Martin Seligman de ce courant de la psychologie. Initialement, il a travaillé sur le concept de style explicatif, ou mode explicatif, ou encore style attributionnel. Ce concept est proche de celui de l'optimisme. Petit à petit, il a intégré cette problématique à celle des forces de l'individu, forces qu'il est intéressant d'identifier afin à la fois de répérer ce sur quoi l'individu pourra s'appuyer, et ce qu'il faut travailler. Il est possible d'établir un parallèle avec la théorie des intelligences multiples d'Howard Gardner. Christopher Peterson a beaucoup publié lui aussi, et est l'auteur de deux ouvrages récents, l'un présente la Psychologie Positive dans ses grands principes (A Primer in Positive Psychology), et l'autre la nouvelle orientation de ses travaux (Character, Strenghts and Virtues, A Handbook and Classification), notamment sur le programme Values in Action (VIA) qui est très bien présenté par Cottraux (2007, La force avec soi, pour une Psychologie Positive). Bonnes lectures !

jeudi 6 août 2009

Martin E. P. Seligman


Bonjour !



Je n'ai pas fait les présentations des différentes personnes dont il est question sur mon blog, alors je vais commencer par Martin E. P. Seligman. Il est l'un des pères de la Psychologie Positive. Son parcours est assez surprenant parce qu'il a commencé par de la psychologie expérimentale sur des chiens. La théorie de l’impuissance acquise a été formulée par des psychologues qui étudiaient l’apprentissage avec des animaux (e.g., Overmeier & Seligman, 1967 ; Seligman & Maier, 1967). Le protocole consistait à installer des chiens dans une cage où ils n’avaient aucun moyen de se soustraire à des chocs électriques. Vingt-quatre heures plus tard, les chiens étaient placés dans une cage similaire à la première, mais dans laquelle il était désormais possible d’éviter les chocs électriques à partir d’une réponse simple. Pourtant, les chiens n’apprenaient pas cette réponse. Au lieu de cela, ils adoptaient des attitudes prostrées et résignées, et subissaient passivement la décharge électrique. Cette attitude contrastait fortement avec celle des chiens du groupe contrôle, qui réagissaient fortement aux chocs et apprenaient rapidement comment y mettre fin.

Selon les chercheurs, les chiens avaient « appris » à être résignés ; après l’exposition préalable à un choc incontrôlable, ils apprenaient qu’il n’y avait plus rien à faire : le choc électrique surviendrait, et cela indépendamment de leurs comportements (Maier & Seligman, 1976). Autrement dit, il est présumé que l’apprentissage de l’indépendance du lien entre les comportements et les résultats est représenté cognitivement sous la forme d’une attente d’impuissance susceptible de se généraliser à de nouvelles situations et de produire trois types de déficits : motivationnel, cognitif et émotionnel. Le premier se traduit par de la passivité, le second par la difficulté d’apprendre que certaines réponses de l’individu conduisent à des résultats, et le dernier par des états émotionnels négatifs.

Après avoir été observé chez d'autres espèces animales comme le chat (e.g., Seward & Humphrey, 1967), le poisson (e.g., Padilla, Padilla, Ketterer, & Giacolone, 1970), le rat (e.g., Maier, Albin & Testa, 1973), ou le pigeon (Engberg, Hansen, Welker, & Thomas, 1973), ce phénomène a commencé à être étudié chez l'Homme. Comme chez l’animal, les sujets étaient confrontés à des événements incontrôlables dont on observe les effets.

Selon Seligman (1975), les déficits observés chez l’Homme se retouvent aussi à trois niveaux : au niveau cognitif (e.g., incapacité à trouver la solution au problème posé), au niveau motivationnel (e.g., lenteur à initier une réponse, faible persistance), et au niveau émotionnel (e.g., anxiété, tristesse, hostilité). Les résultats obtenus auprès des animaux ont été reproduits dans de nombreuses études auprès des sujets humains. Hiroto (1974) a par exemple pris trois groupes d’étudiants qu’il a soumis à des bruits violents. Le premier groupe avait la possibilité de faire cesser ces bruits en appuyant sur un bouton. Le second groupe fut soumis aux mêmes bruits mais sans avoir la possibilité de les faire cesser. Le troisième groupe est le groupe témoin, il n’a pas été exposé aux bruits lors de cette première phase. Dans la seconde phase, les trois groupes ont été de nouveau confrontés aux bruits, et il y avait la possibilité pour chacun d’eux de les contrôler. Le premier groupe les a fait cesser. Le groupe témoin qui n’avait pas encore été confronté aux bruits a appris à les contrôler, alors que le deuxième groupe les a écoutés passivement. Abramson et al. (1978) en ont écrit que « de façon frappante, les résultats des tests sont similaires à ceux obtenus avec les animaux » (p. 50). Hiroto a effectivement obtenu le même type de résultats que Seligman avec les expériences qu’il avait menées avec des chiens.

Plusieurs recherches du même type ont confirmé ces résultats. Selon Vallerand (1994) « L’ensemble de ces résultats amena Seligman (1975) à proposer que la résignation acquise (ou impuissance acquise) représenterait une forme de dépression réactive (dépression vécue à la suite d’un événement négatif). Le fait d’entretenir des attentes d’incontrôlabilité (ou de non-contingence – inutilité des efforts) vis-à-vis des actions futures engendre chez la personne des conséquences psychologiques semblables à celles produites par la dépression réactive » (p. 311). On trouve donc des effets de l’Impuissance Acquise chez l’homme tels des changements d’humeur comme une augmentation de l’anxiété et/ou de la dépression (e.g., Miller & Seligman, 1975), la perte de l’estime de soi (e.g., Abramson, Seligman, & Teasdale, 1978), l’augmentation de la sensibilité à la douleur (e.g., Miller, 1979), ainsi qu’une plus grande réceptivité aux maladies et une tristesse accentuée chez les personnes âgées (e.g., Schulz & Hanusa, 1980). Dans le domaine du sport, quelques rares études se sont intéressées aux conséquences de l’induction d’incontrôlabilité sur la performance motrice. Par exemple, Gernigon, Fleurance, et Reine (2000) ont effectué une expérience en utilisant une tâche perceptivo-motrice (tir au pistolet). Dans ce qu’ils ont d’essentiel, les résultats montrent que les participants confrontés à une situation incontrôlable (quand les feed-back de réussite ou d’échec ne sont pas liés à l’atteinte ou non de la cible) dans une première phase de l’expérience, sont généralement moins persistants (en terme de nombre d’essais tentés) et moins performants dans une tâche identique subséquente, que ceux qui ont été confrontés préalablement à une situation contrôlable (i.e., qui ont perçu le lien entre leur comportement et leur performance). Plus précisément, les résultats ont révélé que l’Impuissance Acquise en termes de performance et d’expectations se développe à partir d’expériences incontrôlables, alors que les déficits motivationnels surviennent à la suite d’un échec dans des situations contrôlables.

Le déficit suivant le manque de contrôle sur l’environnement a été appelé phénomène d’impuissance acquise, et le modèle développé pour expliquer ce déficit, modèle de l’impuissance acquise (Maier & Seligman, 1976). Cette théorie a soulevé un certain nombre de critiques, certaines émanant même de ses propres fondateurs.



C'est cette théorie qui a donné lieu petit à petit à génèse de la Psychologie Positive. En effet, d'une centration sur l'impuissance apprise, sur la dépression et le style explicatif comme facteur de risque, le centre d'intérêt s'est déplacé vers les conditions permettant au contraire de trouver ce qui permet aux personnes d'éprouver du bien-être, d'être performants, d'être heureux, optimistes, en bonne santé, etc. Plutôt que de chercher à soigner les personnes, but traditionnel de la psychologie, celui de la psychologie positive est justement de trouver les moyens de faire en sorte l'individu se sente le mieux possible dans tous ces aspects.



Martin E. P. Seligman a occupé des fonctions très importantes dans la communauté scientifique, Président de L'American Psychology Association notamment, et a publié de très très nombreux articles dans des revues très prestigieuses.




Les ouvrages Martin E. P. Seligman sont maintenant traduits. Le dernier, La force de l'Optimisme, publié chez Dunod en 2008 en est un exemple.



A bientôt !

lundi 3 août 2009

Mon parcours en Psychologie Positive


Bonjour !

Mon parcours s'inscrit bien sûr dans un ensemble qui va de ma pratique de la compétition, à mon cursus universitaire en passant par mon expérience professionnelle. J'ai commencé à collaborer avec Christopher Peterson et Marty Seligman (cf photo ci-dessus, Philadelphie juin 2009) en 1996 dans le cadre de mon Diplôme d'Etudes Approfondies. Cette collaboration m'a aidé à la fois pour mon DEA mais aussi pour ma thèse. Elle s'est concrétisée par plusieurs collaborations dans des publicationss scientifiques sous l'impulsion de mes directeurs de thèse, Philippe Sarrazin et Jean-Pierre Famose. Ces publications m'ont permis de m'inscrire d'abord dans le réseau européen (European Network of Positive Psychology, ENPP) dont je suis membre du comité directeur et du conseil scientifique en vue du prochain congrès européen qui va se dérouler en juillet prochain à Copenhagen. Puis ces publications m'ont permis de m'inscrire dans le réseau plus large de l'International Positive Psychology Association (IPPA). Je poursuis dans cette voie en développant des thématiques de recherches en relation avec ce courant, sur l'optimisme et différentes variables sur lesquelles il est susceptible d'avoir un impact, l'épuisement, la motivation au sens large, les performances sportives ou scolaires. Les réinvestissements sont envisagés à la fois dans les domaines du sport et de l'école, mais également plus largement dans le monde du travail. J'ai actuellement plusieurs publications qui sont en cours dont un ouvrage collectif qui sera, je l'espère, une référence en France.

A bientôt !

Charles

lundi 9 mars 2009

Qui suis-je ?

Bonjour à Toutes et à Tous,
Comme annoncé précédemment, l'objet de mon blog est de vous présenter la Psychologie Positive. Quelles sont les compétences acquises par l’expérience qui me permettent de vous proposer cette présentation ?

Les compétences que j’ai acquises relèvent de différents types d’expériences. D’abord, elles relèvent de ma pratique du sport de haut niveau (international d'aviron durant deux saisons - pré sélectionné olympique pour les JO de Los Angeles). Ensuite, elles relèvent de ma pratique de l'entraînement de haut niveau (préparation d'un boxeur champion d'Europe professionnel en kick-boxing, formation de plusieurs tireurs ayant atteint un niveau national en Savate Boxe Française). Dans le même domaine, elles relèvent des compétences mises en œuvre et complétées dans mes fonctions de préparateur physique auprès de la section sport-études escrime de Gisors dirigée par Christian Peters, ancien entraîneur national du sabre. Elles relèvent aussi de mon expérience dans le domaine de l'enseignement de l'éducation physique et sportive, d’abord dans un lycée professionnel puis dans un collège inscrit en Réseau d’Education Prioritaire. Mais j’ai également acquis des compétences en termes de formation de formateurs notamment dans le cadre de la préparation aux concours d'enseignement au sein de l'Ecole Normale Supérieur EPS de Cachan ou de l'IUFM de Bretagne où j'exerce actuellement. Pour finir, elles s'appuient sur mon expérience de chercheur. J’ai mené à son terme un travail de doctorat traitant du Style Explicatif et Performance Motrice. Comment le style attributionnel influence la performance sportive et la réussite en Éducation Physique et Sportive, travail dans lequel l’impact de l’optimisme sur les capacités à rebondir après échec a pu être mis en évidence, au même titre que son impact sur la performance. Ce travail a donné lieu à des publications scientifiques.

vendredi 20 février 2009

Bienvenue sur mon blog !


Bonjour à Toutes et à Tous !

L'objet de ce blog est de vous présenter la Psychologie Positive. Sans doute vous demandez-vous en quoi elle consiste. Est-ce qu'elle ne consiste qu'à voir un verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide ? Est-ce qu'elle relève de la "Méthode Coué" ? En quoi consiste t'elle ? S'il est possible d'en tirer des enseignements pour être performant, de quels enseignements s'agit-il ?


La Psychologie Positive est un courant de la psychologie qui, à l'inverse de la "Psychologie classique", ne s'intéresse pas aux individus en souffrance pour les soigner, mais entre autre plutôt aux conditions qui vont leur permettre d'avoir une vie équilibrée, d'éprouver du bien-être au quotidien, d'être optimistes, de ressentir des états de grâce ou d'être conscients du moment présent. Ce courant s'appuie à la fois sur de nombreuses études scientifiques et sur l'expérience de très nombreux praticiens de part le monde.

Il s'agit donc ici de vous proposer une présentation des différentes facettes de la Psychologie Positive, et les résultats d'études qui ont été réalisées, l'impact sur la performance, sur le bien-être, sur la capacité à rebondir après un échec, à surmonter un obstacle. Vous y trouverez des possibilités d'interventions en termes de coaching personnel. A suivre...