lundi 24 août 2009

Vive le bonheur !


Chercheur à la pointe sur le concept de bonheur, Sonja Lyubomirsky est l'auteur de plusieurs articles scientifiques, et surtout d'un ouvrage qui a été traduit en français. Ses travaux portent sur la compréhension de ce qui se joue lorsqu'il est question de bonheur. Plus précisément, il s’agit de comprendre le pourquoi d’un plus grand bonheur chez les uns que chez les autres en se focalisant sur les façons distinctes dont les individus heureux et malheureux se construisent, répondent à des comparaisons sociales, prennent des décisions, et s’auto-analysent. Une augmentation du bien-être chez les individus les moins heureux est mise en évidence, ce malgré de nombreux obstacles, grâce à l’apprentissage et à l’utilisation de différentes stratégies, et à leur capacité à les mettre en œuvre avec détermination et implication. Le modèle du Bonheur Durable (Lyubomirsky, Sheldon, & Schkade, 2005) fournit un cadre théorique adapté pour comprendre les processus impliqués dans l’augmentation et l’entretien. Selon ce modèle, trois facteurs contribuent au niveau de bonheur durable de l’individu – 1) l’objectif fixé, 2) les circonstances de la vie, 3) les activités volontaires, ou les actes impliquant un effort qui sont variables et épisodiques selon leur nature. De telles activités, qui incluent l’accomplissement d’actes de bonté, exprimant la gratitude ou l’optimisme, et appréciant les évènements heureux de la vie, représentent la piste la plus prometteuse en termes de bonheur intensifié et fortifiant. Nous décrirons dans ce chapitre plusieurs interventions contrôlées au hasard testant l’efficacité de chacune d’elles, destinées à augmenter et maintenir le bien-être, ainsi que les médiateurs et les modérateurs sous-jacents à leurs effets. Bonne lecture aux amateurs ! Et à bientôt !

mardi 18 août 2009

Un fondateur


Bonjour,
Dans la continuité des acteurs de la Psychologie Positive, voici Christopher Peterson. Il est l'un des fondateurs avec Martin Seligman de ce courant de la psychologie. Initialement, il a travaillé sur le concept de style explicatif, ou mode explicatif, ou encore style attributionnel. Ce concept est proche de celui de l'optimisme. Petit à petit, il a intégré cette problématique à celle des forces de l'individu, forces qu'il est intéressant d'identifier afin à la fois de répérer ce sur quoi l'individu pourra s'appuyer, et ce qu'il faut travailler. Il est possible d'établir un parallèle avec la théorie des intelligences multiples d'Howard Gardner. Christopher Peterson a beaucoup publié lui aussi, et est l'auteur de deux ouvrages récents, l'un présente la Psychologie Positive dans ses grands principes (A Primer in Positive Psychology), et l'autre la nouvelle orientation de ses travaux (Character, Strenghts and Virtues, A Handbook and Classification), notamment sur le programme Values in Action (VIA) qui est très bien présenté par Cottraux (2007, La force avec soi, pour une Psychologie Positive). Bonnes lectures !

jeudi 6 août 2009

Martin E. P. Seligman


Bonjour !



Je n'ai pas fait les présentations des différentes personnes dont il est question sur mon blog, alors je vais commencer par Martin E. P. Seligman. Il est l'un des pères de la Psychologie Positive. Son parcours est assez surprenant parce qu'il a commencé par de la psychologie expérimentale sur des chiens. La théorie de l’impuissance acquise a été formulée par des psychologues qui étudiaient l’apprentissage avec des animaux (e.g., Overmeier & Seligman, 1967 ; Seligman & Maier, 1967). Le protocole consistait à installer des chiens dans une cage où ils n’avaient aucun moyen de se soustraire à des chocs électriques. Vingt-quatre heures plus tard, les chiens étaient placés dans une cage similaire à la première, mais dans laquelle il était désormais possible d’éviter les chocs électriques à partir d’une réponse simple. Pourtant, les chiens n’apprenaient pas cette réponse. Au lieu de cela, ils adoptaient des attitudes prostrées et résignées, et subissaient passivement la décharge électrique. Cette attitude contrastait fortement avec celle des chiens du groupe contrôle, qui réagissaient fortement aux chocs et apprenaient rapidement comment y mettre fin.

Selon les chercheurs, les chiens avaient « appris » à être résignés ; après l’exposition préalable à un choc incontrôlable, ils apprenaient qu’il n’y avait plus rien à faire : le choc électrique surviendrait, et cela indépendamment de leurs comportements (Maier & Seligman, 1976). Autrement dit, il est présumé que l’apprentissage de l’indépendance du lien entre les comportements et les résultats est représenté cognitivement sous la forme d’une attente d’impuissance susceptible de se généraliser à de nouvelles situations et de produire trois types de déficits : motivationnel, cognitif et émotionnel. Le premier se traduit par de la passivité, le second par la difficulté d’apprendre que certaines réponses de l’individu conduisent à des résultats, et le dernier par des états émotionnels négatifs.

Après avoir été observé chez d'autres espèces animales comme le chat (e.g., Seward & Humphrey, 1967), le poisson (e.g., Padilla, Padilla, Ketterer, & Giacolone, 1970), le rat (e.g., Maier, Albin & Testa, 1973), ou le pigeon (Engberg, Hansen, Welker, & Thomas, 1973), ce phénomène a commencé à être étudié chez l'Homme. Comme chez l’animal, les sujets étaient confrontés à des événements incontrôlables dont on observe les effets.

Selon Seligman (1975), les déficits observés chez l’Homme se retouvent aussi à trois niveaux : au niveau cognitif (e.g., incapacité à trouver la solution au problème posé), au niveau motivationnel (e.g., lenteur à initier une réponse, faible persistance), et au niveau émotionnel (e.g., anxiété, tristesse, hostilité). Les résultats obtenus auprès des animaux ont été reproduits dans de nombreuses études auprès des sujets humains. Hiroto (1974) a par exemple pris trois groupes d’étudiants qu’il a soumis à des bruits violents. Le premier groupe avait la possibilité de faire cesser ces bruits en appuyant sur un bouton. Le second groupe fut soumis aux mêmes bruits mais sans avoir la possibilité de les faire cesser. Le troisième groupe est le groupe témoin, il n’a pas été exposé aux bruits lors de cette première phase. Dans la seconde phase, les trois groupes ont été de nouveau confrontés aux bruits, et il y avait la possibilité pour chacun d’eux de les contrôler. Le premier groupe les a fait cesser. Le groupe témoin qui n’avait pas encore été confronté aux bruits a appris à les contrôler, alors que le deuxième groupe les a écoutés passivement. Abramson et al. (1978) en ont écrit que « de façon frappante, les résultats des tests sont similaires à ceux obtenus avec les animaux » (p. 50). Hiroto a effectivement obtenu le même type de résultats que Seligman avec les expériences qu’il avait menées avec des chiens.

Plusieurs recherches du même type ont confirmé ces résultats. Selon Vallerand (1994) « L’ensemble de ces résultats amena Seligman (1975) à proposer que la résignation acquise (ou impuissance acquise) représenterait une forme de dépression réactive (dépression vécue à la suite d’un événement négatif). Le fait d’entretenir des attentes d’incontrôlabilité (ou de non-contingence – inutilité des efforts) vis-à-vis des actions futures engendre chez la personne des conséquences psychologiques semblables à celles produites par la dépression réactive » (p. 311). On trouve donc des effets de l’Impuissance Acquise chez l’homme tels des changements d’humeur comme une augmentation de l’anxiété et/ou de la dépression (e.g., Miller & Seligman, 1975), la perte de l’estime de soi (e.g., Abramson, Seligman, & Teasdale, 1978), l’augmentation de la sensibilité à la douleur (e.g., Miller, 1979), ainsi qu’une plus grande réceptivité aux maladies et une tristesse accentuée chez les personnes âgées (e.g., Schulz & Hanusa, 1980). Dans le domaine du sport, quelques rares études se sont intéressées aux conséquences de l’induction d’incontrôlabilité sur la performance motrice. Par exemple, Gernigon, Fleurance, et Reine (2000) ont effectué une expérience en utilisant une tâche perceptivo-motrice (tir au pistolet). Dans ce qu’ils ont d’essentiel, les résultats montrent que les participants confrontés à une situation incontrôlable (quand les feed-back de réussite ou d’échec ne sont pas liés à l’atteinte ou non de la cible) dans une première phase de l’expérience, sont généralement moins persistants (en terme de nombre d’essais tentés) et moins performants dans une tâche identique subséquente, que ceux qui ont été confrontés préalablement à une situation contrôlable (i.e., qui ont perçu le lien entre leur comportement et leur performance). Plus précisément, les résultats ont révélé que l’Impuissance Acquise en termes de performance et d’expectations se développe à partir d’expériences incontrôlables, alors que les déficits motivationnels surviennent à la suite d’un échec dans des situations contrôlables.

Le déficit suivant le manque de contrôle sur l’environnement a été appelé phénomène d’impuissance acquise, et le modèle développé pour expliquer ce déficit, modèle de l’impuissance acquise (Maier & Seligman, 1976). Cette théorie a soulevé un certain nombre de critiques, certaines émanant même de ses propres fondateurs.



C'est cette théorie qui a donné lieu petit à petit à génèse de la Psychologie Positive. En effet, d'une centration sur l'impuissance apprise, sur la dépression et le style explicatif comme facteur de risque, le centre d'intérêt s'est déplacé vers les conditions permettant au contraire de trouver ce qui permet aux personnes d'éprouver du bien-être, d'être performants, d'être heureux, optimistes, en bonne santé, etc. Plutôt que de chercher à soigner les personnes, but traditionnel de la psychologie, celui de la psychologie positive est justement de trouver les moyens de faire en sorte l'individu se sente le mieux possible dans tous ces aspects.



Martin E. P. Seligman a occupé des fonctions très importantes dans la communauté scientifique, Président de L'American Psychology Association notamment, et a publié de très très nombreux articles dans des revues très prestigieuses.




Les ouvrages Martin E. P. Seligman sont maintenant traduits. Le dernier, La force de l'Optimisme, publié chez Dunod en 2008 en est un exemple.



A bientôt !

lundi 3 août 2009

Mon parcours en Psychologie Positive


Bonjour !

Mon parcours s'inscrit bien sûr dans un ensemble qui va de ma pratique de la compétition, à mon cursus universitaire en passant par mon expérience professionnelle. J'ai commencé à collaborer avec Christopher Peterson et Marty Seligman (cf photo ci-dessus, Philadelphie juin 2009) en 1996 dans le cadre de mon Diplôme d'Etudes Approfondies. Cette collaboration m'a aidé à la fois pour mon DEA mais aussi pour ma thèse. Elle s'est concrétisée par plusieurs collaborations dans des publicationss scientifiques sous l'impulsion de mes directeurs de thèse, Philippe Sarrazin et Jean-Pierre Famose. Ces publications m'ont permis de m'inscrire d'abord dans le réseau européen (European Network of Positive Psychology, ENPP) dont je suis membre du comité directeur et du conseil scientifique en vue du prochain congrès européen qui va se dérouler en juillet prochain à Copenhagen. Puis ces publications m'ont permis de m'inscrire dans le réseau plus large de l'International Positive Psychology Association (IPPA). Je poursuis dans cette voie en développant des thématiques de recherches en relation avec ce courant, sur l'optimisme et différentes variables sur lesquelles il est susceptible d'avoir un impact, l'épuisement, la motivation au sens large, les performances sportives ou scolaires. Les réinvestissements sont envisagés à la fois dans les domaines du sport et de l'école, mais également plus largement dans le monde du travail. J'ai actuellement plusieurs publications qui sont en cours dont un ouvrage collectif qui sera, je l'espère, une référence en France.

A bientôt !

Charles