Mihaly Csikszentmihalyi fait partie des fondateurs de la Psychologie Positive lui aussi. Ses travaux portent sur la qualité de vie. Il a cherché à répondre à la question de savoir ce qui peut rendre certains plus heureux que d’autres. S’inspirant du mythe du roi Midas, il considère que la qualité de la vie dépend de la qualité de l’expérience vécue, de l’ordre de la conscience plutôt que de la richesse matérielle. « La richesse, la gloire et le pouvoir sont devenus dans notre culture de puissants symboles de bonheur (le rêve américain)… De fait, l’individu qui devient riche ou célèbre peut se considérer plus satisfait pour un temps, mais il s’habitue à son style de vie puis ses attentes ou ses exigences augmentent, de sorte qu’il lui en faudra toujours plus. C’est symboles sont d’autant plus décevants qu’ils distraient les gens de ce qu’ils sont censés représenter. Ce n’est donc pas, répétons-le, ce que nous possédons qui améliore la qualité de la vie, mais ce que nous éprouvons vis-à-vis de nous-mêmes » (Csikszentmihalyi, 1990, p. 75).
Dans cette logique, le plaisir correspond à la satisfaction, au contentement ressenti lorsque la conscience nous informe que les attentes créées par la programmation génétique ou par le conditionnement social ont été comblées. Il peut être une composante de la qualité de vie, mais il n’apporte pas en lui-même le bonheur.
Lorsque les expériences contribuent à une vie meilleure, on parlera de joie, ou d’enchantement. Elle survient quand une personne dépasse les attentes ou les besoins programmés et réalise quelque chose de plus, de mieux, d’inattendu. Après de telles expériences, nous sommes contents, satisfaits ou enchantés, et nous avons conscience d’avoir changé ; notre soi est devenu plus complexe. Plaisir (recherche d’un équilibre) et joie (dépassement d’une attente) sont deux expériences différentes mais peuvent être complémentaires. Le plaisir peut être éprouvé sans effort, mais la joie et l’enchantement exigent une pleine concentration sur l’activité. C’est une raison pour laquelle le plaisir est si évanescent et ne produit pas l’accroissement ou l’actualisation de soi. Cette dernière requiert l’investissement d’énergie psychique dans des buts nouveaux et relativement exigeants. Pour acquérir la maîtrise de la qualité de l’expérience, il faut apprendre à trouver la joie à partir de ce qui arrive quotidiennement. Chacun est l’artisan de son bonheur, de sa qualité de vie à travers le contrôle de son expérience consciente, la possibilité qu’il se donne de vivre des expériences optimales.
Ce sont ces expériences optimales qui ont fait son objet de recherche principal, le flow traduit aussi par état de grâce. Csikszentmihalyi (1990) définit le concept de flow comme un état psychologique optimal pouvant être ressenti dans divers domaines tels l’art, l’enseignement et le sport. Le flow est également caractérisé par un état intrinsèquement agréable qui se manifeste pendant la perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et la demande de la tâche. Il est composé de huit caractéristiques majeures :
1. La tâche entreprise est réalisable mais constitue un défi et exige une aptitude particulière ;
2. L’individu se concentre sur ce qu’il fait ;
3. La cible visée est claire ;
4. L’activité en cours fournit une rétroaction immédiate ;
5. L’engagement de l’individu est profond et fait disparaître toute distraction ;
6. La personne exerce le contrôle sur ses actions ;
7. La préoccupation de soi disparaît, mais, paradoxalement, le sens du soi est renforcé à la suite de l’expérience optimale ;
8. La perception de la durée est altérée.
Il est possible de mesurer le flow. Des outils ad hoc ont été conçus dans différents domaines, dont celui issu des travaux de Fournier et ses collaborateurs (2007) pour le domaine du sport, validation en français du Flow State Scale-2 de Jackson et Eklund (2002).
Une vulgarisation de ses travaux est disponible en français dans les ouvrages proposés. Pour aller plus loin, il est possible de leur préférer la lecture des articles d’origine. Bonnes lectures !
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